Portrait d'Agnès au brunissage

Je suis Agnès Lairaudat et je travaille depuis 17 ans au sein de la Manufacture de Sèvres. Amatrice d’art passionnée par le dessin et la faïence, je suis brunisseuse.

Intéressée par la faïence et le dessin, je me suis d’abord spécialisée par le biais d’un CAP Déco et Art Céramique. De fil en aiguille, j’ai fini par candidater au concours de la Manufacture. Suite à mon entrée, la Manufacture de Sèvres m’a formée pour pouvoir exercer le très spécifique métier de brunisseuse, qui est aujourd’hui unique au monde, du moins tel qu’il est perfectionné au sein de la maison.

Le brunissage consiste à écraser l’or devenu mat à la cuisson — ou le platine — afin de le fixer et de lui redonner de l’éclat et la brillance en supprimant les reliefs de l’or, qui tendent à détourner la réflexion de la lumière. Une pièce brillante, c’est une pièce où l’or a été aplani.

Il y a beaucoup d’enjeux dans ce métier, dans la mesure où une seule erreur peut mettre en péril tout le travail effectué par les ateliers précédents. Le brunissage étant en fin de chaîne, il s’agit donc d’avoir un geste très sûr.

Il faut avoir une bonne capacité de concentration pour garder un geste précis sur la durée. J’apprécie particulièrement l’ambiance calme et zen que ce type d’activité implique dans l’atelier.

Le plus technique dans ces gestes, c’est de jouer avec les équilibres de forces pour ne pas rayer l’émail. Il s’agit de bien mesurer la pression exercée sur la pièce, notamment lorsqu’il s’agit de jouer avec plusieurs types de brillances, où l’on mélange or satiné et or brillant.

J’utilise des gratte-brosses en fibres de verre ou en fibres végétales afin de creuser l’or et donner ainsi cet effet satiné. Sinon de façon plus commune, j’utilise de l’agate et de l’hématite pour écraser les particules de métaux précieux.

Sèvres est un lieu unique où l’on réalise des pièces exceptionnelles, autant ancienne que contemporaine, à partir du même savoir-faire, sans cesse renouvelé.

Mon meilleur souvenir a été la réalisation du vase Soulages, un véritable défi de début de carrière qui m’a permis de me sentir légitime en tant que brunisseuse par la suite.

J’aime beaucoup le vase Soulages, ainsi que les œuvres d’Alexandre Sandier.

Dans les œuvres de la collection, j’apprécie particulièrement l’assiette George Mathieu ainsi que la boîte de Mantes Apeloig. J’ai d’ailleurs pu m’occuper du brunissage pour une partie de ces pièces.